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Depuis 1972, plus de quarante ans, l’usine Ford est implantée sur le territoire de Blanquefort en Gironde. Mais à la fin du mois de février 2018, l’entreprise automobile américaine, qui emploie alors 910 salariés sur son site, annonce qu’elle ne veut plus investir sur le site et souhaite retirer sa production de la région bordelaise. Un scénario catastrophe sur lequel les ouvriers alertaient déjà depuis plus de quinze ans.
C’est en Mars 2016, en plein mouvement contre la réforme du code du travail, que nous avons pris nos caméras pour commencer à filmer ces hommes et ces femmes déjà inquiets et mobilisés pour leurs emplois. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Les pressions syndicales, mêlées à celles des collectivités publiques vont-elles faire reculer le géant américain ? C’est à travers le regard de ces travailleurs et travailleuses, autant ceux qui sont au cœur du combat que les autres, de leurs motivations, leurs espoirs et leurs résignations, que résonnerons ces mots : tout est à nous.
En février 2018, l’accord signé entre Ford, les syndicats et les autorités publiques pour sauvegarder le site de l’usine de Blanquefort ne tient plus, la firme américaine annonce une rupture du contrat établi entre les acteurs et ne souhaite plus maintenir sa production sur le territoire girondin. Il y a dix ans cet accord de sauvegarde fut déjà remporté au terme d’une bataille de longue haleine.
L’entreprise Ford a reçu, grâce à cet accord-cadre signé en 2008, près de 12 millions d’euros de l’État et la région Aquitaine pour maintenir au moins 1000 emplois (2000 emplois en 2008) et investir dans du nouveau matériel afin de permettre à l’usine de restée compétitive. Aujourd’hui, en 2018, les machines sont datées, aucune embauche n’a été réalisée depuis plusieurs années, on est en dessous des 1000 emplois et l’entreprise ne souhaite plus investir sur le site.
Cette bataille de longue haleine, menée par les ouvriers de Ford Blanquefort depuis plus de dix ans pour maintenir l’activité de l’usine, pas grand monde n’en a parlé jusqu’ici. Pourtant cette lutte a jusqu’ici permis de sauver des emplois, des vies même pourrait-on dire, quand on connait les cas de suicides qui ont suivi les fermetures d’usines chez Continental ou chez Goodyear ailleurs en France, sans que là aussi ce ne soit relayé médiatiquement. Elle a aussi contribué à forger Philippe Poutou, candidat à deux élections présidentielles.
Au-delà des emplois directement menacés dans l’usine, il y a l’ensemble des emplois induits et la vie qui tient par l’activité de l’usine : les entreprises sous-traitantes, les vies des familles qui tiennent parfois sur une seule paie, les études des enfants, les prêts des maisons à rembourser... Dans ce contexte, l’ensemble des salariés de l’usine que les syndicalistes avaient bien souvent du mal à motiver auparavant, souvent résignés par cette lutte qui n’en finit jamais, commence aujourd’hui à prendre la parole.